Qu'est ce qui pollue le plus ? C'est quoi l'indice de qualité de l'air ? Faut-il rester enfermé chez soi ? Autant de questions qui se posent alors que l'agglomération grenobloise connaît son onzième jour de pic de pollution. Alexandre Thomasson, d'Air-Rhône-Alpes, a accepté d'y répondre.
→ Ce jeudi 15 décembre, le site air Rhône-Alpes indique que la qualité de l'air est de 92 sur 100. Que signifie ce chiffre exactement et comment est-il calculé ?
On procède à une modélisation qui calcule les concentrations de particules fines, de dioxyde d'azote ou d'ozone en tout point du territoire à partir des émissions de polluants, de la transformation et de la dispersion de ces polluants en fonction de la mété, et des concentrations mesurées aux stations. À partir de ces données modalisées, on obtient un indice qui apparaît sur notre site. Quand il est inférieur à 50, l'air est plutôt de bonne qualité.
Lorsqur l'indice visible sur notre site atteint 90, le seuil de 50 microgrammes par m3 d'air de particules fines émises dans la journée est dépassé. Si on prévoit un dépassement de ce seuil pour le jour même et le lendemain, la préfecture déclenche son niveau d'information. En ce moment, l'indice stagne entre 90 et 98 en Isère, Savoie ou Haute-Savoie. Cela signifie que le nombre de particules fines émises par jour est donc compris entre 50 et 80 microgrammes par m3 d'air.
→ Que se passe-t-il si l'indice dépasse 100 ?
Cela signifie simplement que le nombre de particules fines émises par jour dépasse 80 microgrammes par m3 d'air ! Dans l'année, il arrive ponctuellement qu'on dépasse 100, notamment dans la vallée de l'Arve. Au niveau de l’Union Européenne ce seuil journalier de 50 microgrammes par m3 d'air ne doit pas être dépassé plus de 35 jours par an. Si on dépasse cette valeur limite, on doit mettre en place des actions sur le plus long terme. C’est le cas notamment dans la Vallée de l’Arve, avec son "Plan de Protection de l’Atmosphère".
→ Donc en ce moment, la qualité de l'air n'est pas si catastrophique ?
En ce moment, le problème est surtout dû à la durée du pic de pollution. La qualité de l'air est clairement médiocre mais le véritable problème c'est que ça fait 15 jours que ça dure ! C'est d'ailleurs pour cela que la préfecture a déclencé les actions prévues au niveau d'. Elle est mise en place lorsque le nombre de particules fines émises dépassent 50 microgrammes par m3 d'air pendant trois jours consécutifs ou dépasse 80 microgrammes par m3 d'air. L'alerte de niveau 2 est atteint quand on dépasse 80 microgrammes par m3 d'air durant 2 jours consécutifs.
→ Quel est le premier responsable de la pollution ?
Sur la région et sur l’ensemble d’une année, le secteur majoritaire d’émissions de particules fines est le secteur résidentiel (à hauteur d’environ 40% dont 90% liés au chauffage au bois). Le secteur industriel et le trafic émettent des particules primaires à part quasi égale (autour de 20 à 25% chacun). Mais sur une journée hivernale polluée comme en ce moment, le chauffage au bois peut représenter jusqu’à 70% des particules fines émises.
Le bois de chauffage est une bonne manière de se chauffer puisqu'il s'agit d'une énergie renouvelable. Le problème, c'est que beaucoup de personnes ont des systèmes désuets ou des foyers ouverts qui polluent beaucoup plus que les foyers fermés, récents et normalisés.
Dans la vallée de l'Arve, et sur la métropole grenobloise, les personnes qui renouvellent leur chauffage avec un foyer fermé peuvent bénéficier d’une aide allant jusqu’à environ 2000€ ( avec une réduction d’impôt et la prime « fond Air-Bois »). Et petit dernier conseil: pour moins polluer, allumez votre feu par le haut.
→ Mais du coup, les restrictions de circulation ne servent-elle à rien ?
Pas du tout ! Les voitures émettent des particules fines directement au niveau du sol, donc plus près de nous. Limiter cela, c'est directement améliorer la qualité de l'air que nous respirons. Et les industries aussi ont pris des mesures, on s'en rend juste moins compte !
→ Est-ce mieux de rester chez soi en période de pic de pollution ?
Contrairement aux idées reçues, l'air n'est pas meilleur dedans que dehors à cause de nos cuisines et de nos chauffages. C'est d'ailleurs pour cela qu'il faut bien aérer. Sans cela, le confinement des particules peut rentre l'air plus toxique qu'à l'extérieur.
→ Et en montagne, l'air est pur ou pas ?
Ca dépend où, et ça dépend des heures. Mais souvent quand on dépasse les 400 ou 1000 mètres d'altitude, on peut effectivement prendre un grand bol d'air pur.